Voici une autre petite histoire de Bruno Ferrero, qui nous encourage à faire confiance.
Le chef d’une troupe de trapézistes parlait un jour de son numéro, qui chaque soir enchantait des centaines de spectateurs au grand cirque. Il expliqua : « Je dois avoir entière confiance en mon partenaire, qui doit m’attraper au bout de ma voltige. Le public pourrait penser que c’est moi la grande vedette du trapèze, mais la véritable vedette est mon partenaire, Joe. C’est lui qui doit être prêt à me saisir avec précision en une fraction de seconde, quand j’arrive au bout de ma longue voltige. »
« Comment ça fonctionne ? », demandai-je.
« Le secret, dit-il, est que le trapéziste qui voltige ne fait rien, alors que c’est son partenaire qui le saisit qui fait tout. Quand je vole vers Joe, je dois simplement tendre les bras et les mains et attendre que lui me saisisse et me porte en sécurité sur la plate-forme derrière la barre ! »
« Et vous, vous ne faites rien ! » dis-je, surpris.
« Rien, répéta-t-il. La pire chose que puisse faire le trapéziste dans sa voltige est de chercher à attraper son partenaire. Ce n’est pas prévu que moi j’attrape Joe, mais c’est compris que c’est Joe qui va m’attraper. Si j’attrape les poignets de Joe, je pourrais les casser, ou il pourrait briser les miens, et ça voudrait dire la fin pour tous les deux. L’un doit voler et l’autre doit attraper. Le premier doit avoir confiance et étendre ses bras vers son partenaire qui est prêt à l’attraper. »
Ce sont les dernières paroles de Jésus : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23, 46). Mourir signifie avoir confiance en Celui qui est prêt à nous accueillir, et prendre soin du mourant signifie lui dire : « N’aie pas peur, rappelle-toi que tu es l’enfant bien-aimé de Dieu et il sera là quand tu feras le grand saut. Ne cherche pas à l’attraper, lui t’attrapera. Etends seulement tes bras et tes mains et aie confiance, confiance, confiance. »
« C’est le moment d’avoir confiance, dit Jésus, parce que la mort n’est pas ce que vous pensez. » Les chrétiens ne sont pas les professionnels de l’adieu, mais de l’au revoir. Pour nous, la mort n’est pas un point final, mais une virgule.
Source: “Il trapezista”, in La vita secondo l’aurora, dans la série “Piccole storie per l’anima” de Bruno Ferrero, 2014, éd. Elledici, Torino, p. 42. Traduction libre par Jeff Berkheiser.